Auriac

Riche de milles vies, le peintre Auriac est riche d’une œuvre à découvrir.

A regarder de près les portraits qu’il peint où, comme chez Goya ou Veličković, la matière de l’œuvre n’est pas le noir, mais le blanc, il n’est que trop évident qu’Auriac a arrêté son choix. Rimbaud, Verlaine, mais encore Baudelaire, Gainsbourg ou Céline : ce géomètre lyrique aime les vagabonds absolus.

Il aime les excès des âmes fortes. Il aime les mauvais anges qui joignent à un orgueil sublime une révolte contre l’infamie. Il aime ceux dont parle André Malraux : « ces génies peu esthètes qui n’ont mis aucune valeur suprême au-dessus de la poésie – non des vers, mais de cette création où insaisissable que poursuit l’homme se saisit à tâtons. »

Et soudain, prodige né de son propre art, ce n’est plus nous qui les regardons : c’est eux qui nous regardent, nous scrutent et nous interrogent. Ils ouvrent leurs yeux sur notre temps du plus profond de leur enfer, de leur nuit qui n’en finira pas de sitôt. « Qui es-tu », demandent-t-ils ? Ou comme le chante le poète : « Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ? » Auriac démontre qu’une œuvre forte n’est pas faite pour être regardée, mais tout au contraire pour qu’elle nous regarde, qu’elle nous prête sa vision.

Texte rédigé par Stéphane Barsacq.

Mlle Léa Rime, Directrice de la Galerie Libre Est L’Art

 

 

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